Marcelle CHOISNET

Connaissez-vous Marcelle Choisnet, championne de vol à voile, aviatrice saint-germanoise, femme qui excella dans son domaine au milieu du XXème siècle ? Elle est la figure la plus marquante des records français et mondiaux féminins en vol à voile de l'après-guerre.

Née à Versailles en 1914, d’une famille d’origine modeste, son père travaillant à la SNCF, elle exerce d’abord le métier de couturière puis, suite à un baptême de l’air pris à Alençon, elle se prend de passion pour l'aviation. Très gravement blessée lors d'un accident à l'âge de neuf ans, elle parvient, à force de ténacité, à se rétablir au bout de nombreuses années de lutte. Cette volonté de réussir sera sans doute à l'origine de ses records.

Concrètement, elle commence à apprendre à piloter, en 1936, débute par l’avion à moteur, mais, faute de moyens financiers, s'oriente rapidement vers le vol à voile. Et dès l’obtention de ses brevets A et B, à l’aérodrome de Beynes en 1938, tout dans sa progression désigne une championne du vol à voile.

Puis c’est la guerre, l’armistice avec son cortège de détresse et l’implacable interdiction de voler. Engagée comme conductrice de la Croix Rouge, elle mène les camions chargés de colis et de ravitaillement pour les prisonniers et visite les camps de Seine et Oise et de la Meuse. Un travail pénible, surtout en hiver qui nécessite une endurance et une énergie peu commune, mais une noble tâche. A la libération, elle part au camp de la Montagne Noire en Haute Garonne, suivre des cours techniques pour l’obtention de son brevet de monitrice. Seule femme au milieu de 35 hommes, elle partage leur vie rude au camp, et son stage terminé elle s’attaque aux records.

Elle fait d’abord un premier vol de 8 h 55 amélioré à 12 h 20 une semaine plus tard. Puis revenant à Beynes, elle couvre 139 kms battant ainsi le record féminin détenu par Edmée Jarlaud et cinq jours plus tard, elle atteint 347 kms reliant la Seine et Oise à la Creuse.
Elle s’attaque alors au record international de distance a but fixé d’avance de Soignies, en Belgique près de Bruxelles. Partant de Beynes, elle atteint son but, avec 253 Km battant le record de 195 km détenu par une aviatrice Russe.

Elle est aussi monitrice stagiaire en 1939, monitrice au Service de l’Aviation Légère et Sportive (SALS) en 1945, puis chef pilote au centre de Chavenay.

Le 31 décembre 1948, Marcelle CHOISNET épouse Jules GOHARD, officier de l'armée de l'air, inspecteur du personnel navigant, qui sera pour elle un compagnon vélivole et un manager de premier plan. Il sera élu maire de Saint-Germain de la grange de 1965 à 1976.

Marcelle Choisnet multiplie les records dans les catégories distance, durée et altitude, tant en appareil monoplace que biplace : trente records de France (dont un de durée, en 1948, de 35 heures et 3 minutes, onze records du Monde (dont un sur distance libre, en 1945, de 251 km, et de ce fait première Française à détenir un record mondial).
Elle est la première femme pilote au monde à détenir l'insigne de diamant en 1953.

Marcelle Choisnet est victime d’un accident mortel en 1974, à Chartres, à bord de son 3^ème planeur, le SZD-19 (F-CDAX). Elle ne connaîtra pas la joie d’être la première titulaire de la Médaille d’or féminine de la Fédération Française de Vol à Voile, sa décoration lui étant remise à titre posthume. Mais elle a démontré qu'elle avait les mêmes aptitudes que les hommes. Elle possédait du caractère, de la volonté et de la persévérance dans une société trop souvent hostile voire misogyne.

Pour replonger à l’époque des records féminins : Princesses de l’air, d’Adrienne Bolland à Jacqueline Auriol, Bibliothèque rouge et or, 1954. Princesses de l'air. D'Adrienne Bolland à Jacqueline Auriol (numilog.com)